002. the beauty inside that funny little head of yours
001. La détermination, une nuance qui peut être interprétée à tort. Tantôt folie, sitôt force d'esprit, il ne résulte qu'à l'appréciation de ceux qui en témoignent. Or, dans le cas de cette femme. Déjà forcenée par la vie et son âge loin des cuvées florissantes de la naïveté, de son jeune apprentissage, elle arbore presque toujours cette même flamboyance dans le regard qui demande admiration. Une ténacité connue de tous, celle d'une femme, d'une épouse, d'une mère, d'une battante.
002. Elle a été élevée auprès de trois frères et de sa grande sœur qui devint pour Reanna l'unique présence maternelle depuis ses cinq ans. Sa vraie mère prise par la maladie lui a toujours manqué terriblement. Si le plus jeune de la fratrie est un sujet dangereux à exploiter auprès de la dame, car ce dernier fut envoyé autrefois au mur, elle entretient d'autres genres de relations avec ses trois aînés. Celles-ci n'en sont pas plus gaies et fusionnelles car dans cette famille, difficile ce fut pour leur père de garder la main mise sur chacun de ses enfants. Et plus ils grandirent, plus ils développèrent des ambitions, les conflits allant de paire avec.
003. L'exigence est un maître-mot pour cette quadragénaire. Elle a vécu, à l'instar de la position de son aînée, dans l'obéissance, assimilant très vite les lois du monde dans lequel elle avait vu le jour. Pourtant ce fut de celui-ci qu'elle s'avéra plus sévère envers ses propres rejetons. Trois trésors, les siens. Elle les a chéris à sa manière, mais peut-être à trop grande échelle. S'il demeure une chose qu'elle aime par dessus sa propre aisance, c'est bien de sa famille à elle, ces petits êtres sortis de ses entrailles, les parfaits fruits de son amour défunt en même temps que le géniteur.
004. Cependant dans le cœur de chaque Homme se cache un péché, une noirceur inavouable, et l'illustre Reanna n'a pas échappé à la règle en vigueur. Jalousie. Envie. Elle se sait fière d'être Dame Tyrell bien que chaque faciès de ses enfants lui rappellent que les années passent, qu'elle n'est en rien éternelle. Elle se défraîchit. Elle vieillit. Une peur illustrée par une prestance et une tenue des plus vertueuses. Trop modèle même. Et gare à celui ou celle qui oserait lui demander son âge. Lointaines sont les vingtaines dans lesquelles Reanna traînait tout son amour pour son jeune, et en santé, mari.
005. A ce jour, un objectif parsème son esprit et ses rêves : celui de remonter dans la société. Elle qui porte avec fierté le blason au fond verdoyant et à la rose ouverte dorée. La matriarche souhaite le meilleur pour ses petits, alors elle fera tout pour que le nom Tyrell regagne la gloire d'autrefois. Et nul ne saurait dire jusqu'où la belle femme serait prête à aller pour parvenir à ses fins.
Celle dont l'ambition n'a d'égal que sa vanité. Elle a bien assimilé les préceptes de sa nouvelle famille, ce qui n'était que peu plausible lorsqu'elle n'était encore que Rowan de Goldengrove. Aujourd'hui elle a la possibilité de lever sa famille, et pourquoi pas au plus haut.
006. C'est une rude négociatrice. De ces rapaces qu'elle a côtoyé durant une bonne partie de sa vie, elle a appris et elle enseigne. Dame qui ne laisse rien au hasard, elle est observatrice et calculatrice. Nombre ont pu reconnaître en elle le bon professeur pour les jeunes nobles en devenir qui feront de leur avenir le calvaire d'un jeu hargneux. Il faut voir. Il faut prévoir. Il faut anticiper. Il faut jouer et réagir. Tant de moyens, un seul fil menant à la finalité de l'histoire. Tout dépend des choix et des interprétation. Alors pour son propre savoir, ses soins et son compte, elle est finalement devenue préceptrice sollicitée. Toujours est-il que jamais un élève ne pourrait dépasser la maîtresse.
007. Elle ne l’admettra jamais pourtant tous le savent : Les Tyrell ne sont plus ce qu'ils étaient, et il en valut de même pour leurs terres, ainsi que leurs richesses. Si la fleur épineuse d'or est toujours brandit sur leurs vêtements, Reanna a dû emmener ses enfants plus loin enfant que Highgarden. Une haine vouée aux Hightower pour le leur avoir dérobé, mais elle a bien accepté de suivre son époux à Casterly Rock. En revanche, il lui fut inconcevable de laisser la pauvreté à leur noblesse, c'est pourquoi elle a pactisé avec son plus grand frère, le plus aimé de la femme, pour que ce dernier lui verse tout ce dont elle aura besoin en mesures monétaires. Elle préfère vivre d'un argent donné, d'une aisance falsifiée, plutôt que dans la honte d'un titre terni par la pauvreté et les dettes. Du moins c'est ce dont elle s'est toujours convaincue.
008. Malgré son goût prononcé pour le lignage, elle n'en est pas plus symbole d'égoïsme, bien au contraire. Elle prône la générosité de ses pairs et est bien capable de donner aux issus de la pauvreté. Davantage aux femmes, aux mères, aux épouses et même à celle qui peuvent vendre leur corps pour gagner leur pain. Dire qu'elle serait sympathique avec ceux-ci est un doux euphémisme, et prétendre à un peu de pitié est pire encore. En effet, elle n'a ni l'un, ni l'autre, mais les deux à la fois. Il dépendra de chaque personne qui nécessitera de sa main. Reanna sait faire preuve de douceur, mais également capable de la réserver. Selon cette dernière, femmes doivent se soutenir, alors elle applique ceci au mot et à la lettre près.
009. Ce fut très jeune que Reanna découvrit ce qu'était la peur véritable. Si à l'heure actuelle elle pourrait prétendre que rien ne pourrait la mettre en angoisse, elle n'a jamais oublié ce soir là où avec son deuxième frère ils étaient sortis à l'abris de la surveillance de leurs parents. Éloignés de leur demeure, dans une forêt noire qu'ils connaissaient à l'origine par cœur, ils jouaient. Deux jeunes impétueux. Et puis une bête, un loup, faible, maigrichon. La petite fille de sept ans s'était avancée car elle ne voulait pas laisser ce pauvre animal à son triste sort. Or celui-ci ne vit qu'en la gamine qu'un gros morceau de viande. Un gibier. Il avait si faim. La fille Rowan s'en était sortie de justesse alors qu'un chasseur passait dans le coin, il tua le loup et amena à temps les enfants auprès d'un médecin. La femme devenue en garde une marque cicatrisée le long de son mollet, là où les crocs avaient fissuré la peau, heureusement que la force de cette mâchoire avait été amoindrie au même titre que la masse de ce chien lunaire sauvage. En revanche la blessure psychologique est toujours présente et ancrée profondément.
010. La perte d'un être cher, le plus précieux de tous, de nombreux sentiments qui se sont enchaînés et qui l'ont endurcie. Assassiné lors des révoltes dorniennes, ces hommes et ces femmes ont arraché à la marâtre Tyrell son aimé, son époux, le père de ses enfants. Jamais depuis l'annonce de cette tragédie la femme ne se donna à d'autres plaisirs sentimentaux, ou même charnels. Une douleur bien trop vive qu'elle ne saurait calmer et qu'elle ne voudrait oublier, car si tel était le cas, cela signifierait qu'elle l'aurait oublié, lui et son amour.