Il était accompagné par ses hommes les plus proches et le pécheur qui l’avait trouvé. L’air était glacial, le ciel menaçant face à l’horizon, même les vagues se faisaient de plus en plus violentes. Pourtant, Edric ne semblait pas décidé à partir.
Fixant sans siller le corps inerte de sa femme depuis plusieurs minutes, ils se demandaient comment ils en étaient arrivés là ? Comment la vie à ses cotés pouvait être si dure à supporter pour qu’Helena choisisse de mettre fin à ses jours en se jetant de cette falaise.
«Monseigneur… La mer va nous rattraper… » tenta de dire l’un des hommes présents pour l’interpeller. Pourtant, Edric restait immobile, il le fallait pour ne pas tomber à genoux. Ce fut finalement des bruits du haut de la falaise qui attirèrent son attention. La nouvelle avait dû déjà tourner dans le village de pécheurs et la curiosité malsaine de certains les avaient poussés jusqu’ici. Levant les yeux vers les conversations lointaines, il explosa soudainement.
« Toute personne qui posera les yeux sur elle perdra la tête ! » hurla-t-il soudainement alors que sa voix résonnait contre la falaise, masquant durant quelques instants le fracas des vagues. Décrochant la cape de ses épaules, il couvrit le corps.
« NE LA TOUCHEZ PAS ! » continua-t-il en s’époumonant cette fois ci-contre son ami qui s’était simplement approché pour l’aider. Son regard noir était pourtant sans équivoque, en cet instant, les nerfs à vifs, il était capable de tuer n’importe qui sur sa route. Sa poitrine s’élevant de plus en plus haut à mesure que sa respiration se faisait forte. Edric n’était pas habitué à devoir gérer ses émotions, surtout celle tenant à de l’affectif. Il lui était plus facile de haïr et de maudire que de laisser s’échapper une larme.
Se penchant au dessus du corps, il la prit dans ses bras. Sa tenue était trempée par les embruns, son visage ou son corps n’avait presque pas été endommagé par la chute. Le menton haut, le regard vers la ligne de l’horizon, les tremblements qui l’agitaient, étaient presque imperceptibles.
Les têtes se baissaient, à son passage jusqu’à sa monture. Déposant doucement la dépouille sur son cheval, il souhaitait cacher sa vue à tous. Cacher la honte et la culpabilité qui le dévorait. Lui, le seigneur d’accalmie. Sans héritier et sans épouse à présent.
« Faites…. » Un tréssaut dans sa voix, finit quand même par le trahir.
« Faites préparer un corbeau à l’attention de sa famille…. Et ouvrez la crypte. »Sans un regard pour les autres, il remonta sur son cheval, se murant à nouveau dans son silence et sa solitude, le seigneur d’accalmie retournait, seul, à son château.
Solitary Shipping
Cela faisait deux jours qu’ils naviguaient sur ce petit voilier. Edric n’était pas idiot, il se doutait bien que les cales aménagées en couchage pour dormir dans les criques la nuit étaient bien des planques pour la contrebandes, pourtant, il ne lui en toucha un mot. Quinlan bénéficiait d’un statut particulier, si d’habitude les roturiers n’avaient jamais trouvé grâce à ses yeux, lui et Quinlan avait appris les bases de l’écriture et de la lecture ensemble. Un compagnon simple que son père avait trouvé parmi le fils d’un des pécheurs. Il était depuis devenu l'un de ses corsaires de confiance.
Une leçon d’humilité. La barbe non entretenue, les cheveux en bataille, s’ils leur arrivaient de posaient pied à terre pour se ravitailler en eau douce et en vivres, cette tenue si atypique le rendait méconnaissable aux yeux des petites gens.
Ce matin l’a, la météo s’était apaisée dans la nuit, apportant un lever de soleil magnifique. Une mer d’huile comme il est très rare d’en trouver sur le littoral des Stormlands. Cette vision était apaisante, comme les belles quantités d’alcool qu’ils avaient commencé la vieille.
Il était presque en paix. Depuis des semaines qu’il ne parvenait à trouver le sommeil, il se sentait libéré d’un poids, durant cet instant. Les rayons parvenaient enfin sur sa peau et le seigneur ferma les yeux pour pleinement les accueillir. Finalement, le calme fut interrompu par Quinlan qui sortait sur le pont, se frottant le visage de la gueule de bois qu’il devait avoir, il s’immobilisa pour observer son compagnon.
« Ho ! Les corvées ne vont pas se faire toutes seules. » lui lança t il en lui lançant un boot. Il se coupa pour faire une grimace.
« En tout cas votre odeur seigneuriale laisse à désirer. »Un sourire sarcastique s’afficha sur son visage. En temps normal, il ne l’aurait jamais permis de parler ainsi devant du monde mais les liens dans l’intimité étaient tout autre.
« Je peux en dire autant de toi ! Tu pues le poisson ! Sale fils de pécheur ! » lui répondit il faussement moqueur.
Se relevant, il commença à se déshabiller avant de sauter à l’eau. La fraicheur était revigorante, lui arrachant un cri de plaisir.
« Alors capitaine ! On ne me rejoint pas ? Un problème avec l’eau ? »